En direct de l’Observatoire des votes en France
Entre les deux tours de l'élection présidentielle de 2002, l’extrême droite progresse de 53 000 suffrages en France.
En 2002, on s’en souvient, Jacques Chirac était élu au second tour de l’élection présidentielle avec 82,21 % des suffrages exprimés, après quinze jours de mobilisation contre l’extrême droite dans toute la France.
Le score de Jacques Chirac, la forte mobilisation entre le deux tours puis les débats liés à la progression de l’extrême droite ont pu laisser à penser que l’extrême droite avait reculé. Qu’en a-t-il été dans les faits ?
Pour mieux comprendre l’évolution de l’extrême droite entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2002, rien de mieux que d’observer la progression en termes de nombre de suffrages.
En effet, en analysant les pourcentages des suffrages exprimés, on pourrait penser que l’extrême droite recule entre les deux tours, passant de 20,23 % (3,37 pour Bruno Mégret et 16,86 pour Jean-Marie Le Pen) au premier tour à 17,79 % au second tour.
En réalité, l’extrême droite progresse de 53 293 suffrages d’un tour à l’autre. Au premier tour, l’extrême droite en obtient 5 471 739 (4 804 713 pour Jean-Marie Le-Pen et 667 026 pour Bruno Mégret) tandis qu’au second tour elle en obtient 5 525 032.
Cette évolution de 53 293 suffrages peut sembler assez marginale à l’échelle nationale (0,13 % des 41 194 689 inscrits du premier tour), et reste à mettre en relation avec l’évolution de la participation (+3 334 867 votants, 8,10 % des inscrits). Cette évolution reste cependant un indicateur important à considérer, en ce sens qu’elle révèle que le vote d’extrême droite n’était pas simplement un vote de « raz-le-bol » ou de « rejet », chaque électeur ayant été informé, après 15 jours de débats intense, du sens et des conséquences d’une présidence d’extrême droite.
Géographiquement, comment se répartit cette progression ?
La carte représente le pourcentage obtenu par le
oui (en vert) et le non (en violet) au référendum sur le Traité constitutionnel
européen de 2005. |
On constate en effet certaines similitudes entre les territoires ayant voté pour le oui et les territoires faisant reculer l’extrême droite, et inversement. Loin de penser que le vote au référendum de 2005 calque le vote de l’ancrage de l’extrême droite, nous constatons que les grands éléments de géographie se chevauchent en partie. Nous y voyons simplement une « mémoire des territoires », pour reprendre la formule d’Hervé Le Bras, qui mériterait d’être analysée en détail, en scrutant notamment l’influence de la taille et de la position des communes par rapport aux territoires vivant au quotidien les échanges européens (frontières de l’Est, Rhône-Alpes, Alsace, capitales régionales …)
Pour retrouver les cartes ci-dessus, téléchargez l'étude presidentielle2002.gst et chargez-la dans l'Observatoire des Votes en France (menu charger > une étude, en haut à droite de l'écran).